Autoconsommation collective : comment partager l’énergie solaire dans un immeuble ou un quartier ?

Autoconsommation collective : comment partager l’énergie solaire dans un immeuble ou un quartier ?
Autoconsommation collective : comment partager l’énergie solaire dans un immeuble ou un quartier ?

Comprendre l’autoconsommation collective : une révolution énergétique de proximité

Quand on parle de transition énergétique, on pense souvent à l’installation de panneaux photovoltaïques sur un toit individuel. Pourtant, une autre révolution est en cours : l’autoconsommation collective. Ce modèle permet à plusieurs voisins — que ce soit dans un immeuble, un lotissement, un quartier — de produire, consommer et partager leur propre énergie solaire, localement. C’est un pas vers une autonomie énergétique partagée et une meilleure maîtrise de sa consommation électrique.

L’autoconsommation collective est donc une forme de démocratie énergétique. Elle permet à un groupe de consommer l’électricité produite par une ou plusieurs installations photovoltaïques, sans passer directement par un fournisseur classique pour toute l’électricité. Et ce, dans le respect des cadres légaux instaurés en France, notamment via la loi Energie-Climat de 2019 et la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables (février 2023).

Comment fonctionne concrètement le partage d’énergie solaire ?

Le principe repose sur une répartition de l’électricité produite, entre les différents participants, aussi appelés « membres de la Personne Morale Organisatrice » (PMO). Voici comment cela se passe :

  • Un ou plusieurs points de production photovoltaïque sont installés sur des toitures ou terrains accessibles.
  • Les propriétaires ou locataires intéressés rejoignent une organisation collective, souvent sous forme associative ou coopérative.
  • La production d’électricité est ensuite répartie de manière transparente entre les membres, grâce à un algorithme d’allocation fixe ou dynamique, validé à l’avance.
  • Le réseau public de distribution (Enedis, par exemple) reste utilisé pour transiter l’énergie.

Ce modèle suppose donc une grande coordination entre producteurs et consommateurs locaux. Et c’est là que les nouvelles technologies entrent en jeu : grâce aux compteurs Linky, il est désormais possible de mesurer précisément cette consommation partagée à intervalles réguliers.

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Quels sont les avantages de l’autoconsommation collective ?

Opter pour un projet d’autoconsommation solaire partagée dans un immeuble ou un quartier présente de nombreux bénéfices :

  • Réduction de la facture d’électricité : le prix du kilowattheure partagé est bien inférieur à celui du réseau traditionnel, surtout avec l’augmentation continue des tarifs réglementés.
  • Valorisation du patrimoine immobilier : un immeuble équipé de panneaux solaires devient plus attractif aux yeux des acquéreurs ou locataires sensibles aux critères environnementaux.
  • Responsabilisation des usagers : on consomme ce qu’on produit, cela pousse à un usage plus raisonné de l’énergie.
  • Dynamisation des quartiers : les projets participatifs créent du lien social autour d’un objectif commun durable.

Pour les immeubles collectifs notamment, cette solution permet à chaque foyer de bénéficier d’énergie propre, même s’ils n’ont pas tous un toit approprié. Cela répond donc à une problématique majeure : comment inclure tous les citoyens dans la transition énergétique ?

Quels sont les critères pour mettre en place une autoconsommation collective ?

Depuis le décret du 21 novembre 2019, actualisé avec les textes issus de la loi APER de février 2023, plusieurs conditions sont à respecter :

  • Proximité géographique : la distance maximale entre les lieux de production et de consommation est de 2 km pour un projet standard, étendue à 20 km dans les zones rurales déconnectées, à condition que le total soit inférieur à 3 MW de puissance.
  • Durée : un projet d’autoconsommation collective doit être formellement établi pour une durée précisée, typiquement de 5 à 20 ans selon les installations.
  • Inscription en autoconsommation collective auprès d’Enedis : chaque participant doit être identifié avec son numéro de Point de Livraison (PDL).
  • Création d’une Personne Morale Organisatrice (PMO) : cette entité (association, coopérative ou société énergétique) est chargée de gérer les flux et relations contractuelles entre les membres.
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Enfin, un élément déterminant dans la réussite d’un projet d’autoconsommation collective est l’adhésion des habitants. C’est un vrai projet de co-construction, qui nécessite des réunions, des votes et un accord commun sur le fonctionnement et les répartitions de production.

Zoom sur les outils et technologies rendues accessibles

Avec la généralisation des systèmes de monitoring intelligents, il est aujourd’hui possible de suivre en temps réel via une application :

  • la production solaire à l’instant T,
  • la part d’électricité consommée localement,
  • et l’électricité injectée sur le réseau.

Des sociétés comme Urban Solar Energy, Comwatt ou Enercoop proposent désormais des solutions dédiées à la *smart energy collective*. Cela permet d’ajuster sa consommation selon la disponibilité de l’énergie sur le réseau local, ou encore de programmer certains usages (chauffe-eau, recharge de batterie) aux heures de forte production.

Il est également possible d’associer une batterie collective ou individuelle à l’installation, permettant de lisser les pics de demande et d’optimiser la rentabilité du système. Ces batteries peuvent également servir d’appoint pour des besoins spécifiques (recharge de véhicules électriques, alimentation lors de coupures).

Quelles aides et financements disponibles pour un tel projet ?

En France, les projets d’autoconsommation collective bénéficient d’un ensemble d’aides :

  • Prime à l’autoconsommation photovoltaïque délivrée par l’État (jusqu’à 370€/kWc en 2024), valable pour des installations jusqu’à 100 kWc.
  • Totalité de la TVA déductible si l’installation est gérée par une entité morale assujettie à la TVA.
  • Subventions régionales ou municipales dans certaines collectivités engagées dans la transition énergétique (comme l’ADEME ou le programme TENMOD).
  • Possibilité de bénéficier du tiers-financement : une société spécialisée prend en charge les coûts de l’installation, l’énergie est ensuite facturée via un bail ou contrat de performance énergétique.
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Certains montages incluent également une part de financement participatif local, sous forme de crowdfunding, renforçant l’ancrage social du projet et l’appropriation citoyenne.

Autoconsommer ensemble, c’est bien plus que partager des kWh

L’autoconsommation collective est bien plus qu’un modèle économique ou technique. C’est une démarche citoyenne, environnementale et sociale. Elle permet à des dizaines de personnes de retrouver du pouvoir sur leur énergie, de mutualiser les moyens, et de diminuer leur dépendance aux fournisseurs historiques. Elle contribue également à réduire l’empreinte carbone des territoires, tout en les rendant plus résilients face aux aléas climatiques ou géopolitiques.

Avec l’essor législatif et technologique, le moment est idéal pour se lancer. Que vous soyez copropriétaire dans un immeuble, bailleur social, élu local ou simple citoyen mobilisé, l’autoconsommation collective est une réponse pragmatique et enthousiasmante aux défis de demain.